S.C. : Salut NnoMan, comment vas-tu?
NnoMan Cadoret : Personne ne répond qu’il ou elle va mal généralement mais, j’ai la chance d’aller bien, malgré une période difficile pour beaucoup d’entre nous. Force à vous.
S.C. : Peux-tu te présenter ?
N.C. : Je suis NnoMan. Je viens du 94. Je suis un banlieusard d’origines Corses et Bretonnes.
Je fais de la photographie sociale et engagée, d’ailleurs c’est mon métier, je suis photo-reporter. Je partage mon temps entre des reportages photos, regarder des matchs du SC Bastia et défendre l’idée de la nécessité d’accéder à une société plus juste et profondément antifasciste.
S.C. : Quel est l’artiste ou le groupe que tu recommandes vivement ?
N.C. : Je trouve que le rappeur Scylla, et ses projets avec le pianiste Sofiane Pamart est un album beaucoup trop sous coté et pas assez connu. Et pourtant c’est un projet incroyable qui mérite vraiment d’être écouté. Et ré-écouter.
S.C. : L’artiste ou le groupe avec qui tu aimerais passer un moment chill ?
N.C. : J’adorerais parler anglais et aller boire un bubble tea avec Alicia Keys. C’est sûr qu’elle est archi cool.
S.C. : L’artiste ou le groupe qu’il faut voir au moins une fois en concert ?
N.C. : MEDINE. Incontestablement. C’est vraiment le rappeur qu’il faut voir sur scène en plus d’écouter toute sa discographie qui est incroyable. Sur scène il emmène le public. Il a une vraie générosité qu’il transmet. Kery James aussi est vraiment un bon showman.
S.C. : L’artiste ou le groupe dont tu aurais aimé découvrir plus de projets, mais hélas ce n’est plus possible ?
N.C. : Aaliyah… Je ne sais pas pour toi mais moi sa mort tragique au moment où on l’entendait non stop ça m’avait trop touché.
Qu’Elle repose en paix.
S.C. : Quel est le tout dernier album que tu as écouté & que tu as vraiment apprécié ?
N.C. : Je viens de me mettre à ré-écouter Fianso et j’aime vraiment sa polyvalence. Il sait tout faire, c’est vraiment un des boss du rap. Il sait se renouveler tout en gardant sa marque.
S.C. : L’album dont tu ne te lasseras jamais d’écouter ?
N.C. : I Muvrini à Bercy. C’est le plus connu des groupes de polyphonies Corses.
Je crois que c’est un live de 1998, mais peu importe le moment où je l’écoute, il vient me percuter au fond du coeur. C’est viscéral.
S.C. : L’album que tout le monde a écouté… Sauf toi ?
N.C. : J’ai jamais écouté Johnny Hallyday de moi même. Je sais pas du tout ce qu’il chantait.
S.C. : Les paroles d’un titre que tu as en tête ces derniers temps ?
N.C. : C’est les paroles d’un chant contre les oppresseurs. A la base c’est un chant Catalan, puis Corse. Mais je te mets les paroles en français. Ça parle de la métaphore d’une chaine qui nous serre et qu’on doit briser.
S.C. : Le (les) style(s) musical(aux) que tu préfères / que tu écoutes le plus ?
N.C. : Rap Français, Chants Corse et musique classique.
S.C. : Le clip incontournable selon toi ?
N.C. : « Pour ceux » de la Mafia K’1 Fry
S.C. : Ce que tu aimes faire quand tu écoutes de la musique ?
N.C. : Quand je rentre de reportage et que je passe de longues heures sur mon ordi pour travailler les images, je laisse tourner du son toujours. Souvent je ne sais même pas ce qui passe mais le silence complet pour bosser c’est compliqué.
S.C. : Sinon, quel est le ou les projets que tu prépares ?
N.C. : Je viens de sortir un reportage très important d’après moi, sur un militant corse qui s’est fait assassiner par la mafia. C’est publié chez StreetPress. Sinon j’ai un gros projet avec le BondyBlog, je documente 2 fois par mois la situation dans les campements d’éxilé.es à Paris. Donc je vais dans les différents lieux et j’essaye le plus possible de donner la parole aux gens qui survivent dans ces conditions inimaginables.
S.C. : La personne que tu seras disons… dans 10 ans ?
N.C. : J’espère continuer sur le même chemin, celui qui m’anime depuis plus de 10 ans déjà. L’idée c’est de rester fidèle à ses valeurs et toujours faire ce qu’on aime (tant bien évidemment que ce qu’on n’aime ne porte pas préjudice aux autres) mais je vais m’efforcer de continuer la photo sociale et engagée.
S.C. : L’autre métier que tu aurais aimé faire ?
N.C. : Sincèrement je suis véritablement à la place où je veux être et ça c’est un luxe incroyable. Et j’ai vraiment du mal à imaginer autre chose. Surtout que dans mon métier, j’ai la chance de ne pas avoir deux journées qui se ressemblent, de rencontrer des gens différents tout le temps, de me former sans cesse sur le terrain. Ah ou sinon être salarié d’une asso pour tenter d’améliorer la vie des autres, à temps plein. Mais c’est vraiment puisqu’il faut répondre.
S.C. : Enfin, place à ta question-réponse: quelle est la question que tu aurais aimé que je te pose et sa réponse ?
N.C. : J’aime bien demander aux gens c’est quoi leur rêve.
Du coup je te pose la question.
N.C. : Moi mon rêve c’est de partir vivre dans mon village en Corse, et je calcule sérieusement toutes les options. Peut-être que je vais le réaliser dans quelques années. Et toi ?
S.C. : Bonne question… J’y répondrai et je développerai ma réponse quand on se verra.
Merci beaucoup Nnoman 🙂